COMMÉMORATION DE LA PRÉSENCE D'UNE BASE MILITAIRE
AMÉRICAINE SUR LA PRESQU'ÎLE DU CAP-FERRET EN 1918  

 
 

Avec la Plaisance il est un poème, ensemble préservons le Bassin d'Arcachon
 
COMMÉMORATION DE LA PRÉSENCE D'UNE BASE MILITAIRE AMÉRICAINE EN 1918 SUR LE CAP-FERRET
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Le 02 juin 2018, Plage des Américains, presqu'île du Cap-Ferret sur le Bassin d'Arcachon, une cérémonie du souvenir était organisée en mémoire des Américains qui étaient présents sur cette plage entre 1917 et 1919 dans le but d'installer une base pour hydravions.


De gauche à droite :
Christian PLOUVIER, conseiller municipal Lège Cap-Ferret
Bernard CASAMAJOU, adjoint au maire Lège Cap-Ferret

Madame Marie DELMAS GUIRAUT, adjointe au maire Lège Cap-Ferret
Monsieur Philippe De GONNEVILLE, 1er adjoint au maire

Monsieur Daniel E. HALL, Consul Général des États-Unis d'Amérique
Commandant Christopher LUPORE de l'US Navy
Major Brian SCOTT de l'US Air Force
Monsieur François BEYRIES, sous-préfet d'Arcachon

Monsieur Michel SAMMARCELLI, maire de Lège Cap-Ferret
Monsieur André ROUAS, conseiller municipal Lège Cap-Ferret
De dos, les représentants des forces armées canadiennes

 
ALLOCUTION DE MONSIEUR MICHEL SAMMARCELLI, MAIRE DE LÈGE CAP-FERRET
 
... messieurs les officiers et sous-officiers des forces armées canadiennes venus en nombre, je voudrais également saluer un de nos voisins cher à notre coeur, Colonel WENCKER, commandant la prestigieuse base aérienne 120 de Cazaux, le lieutenant-colonel ..., adjoint du commandant de la base aérienne 106 à Mérignac, superbe base aussi, l'Amiral Dominique LALÉ, saluer bien sûr les autorités civiles et militaires, la gendarmerie nationale, la gendarmerie maritime, les sapeurs-pompiers, j'associe également à ces salutations mon message de bienvenue à monsieur Mormone, chercheur, historien, écrivain, Président du Collectif des Corps Forestiers en Aquitaine, les présidents d'associations patriotiques et leurs membres, les porte-drapeaux des différentes associations toujours fidèles, monsieur Jean-Marie .... délégué en France des Fils de la Révolution Américaine, saluer aussi les riverains de ce quartier du Boque, et puis je voudrais souligner la présence des jeunes élus du Conseil municipal des Jeunes de notre commune. Vous savez, la présence de jeunes, de jeunes enfants, est un symbole, car ils représentent l'avenir, ils ont des repères, ils sont ici avec leurs parents, autour de nous, pour saluer et commémorer l'engagement des forces alliées américaines qui décidèrent de venir à nos côtés verser leur sang, sur notre sol. Je voudrais aussi remercier aussi les hommes et les femmes de l'Harmonie derrière nous et de l'école municipale de musique. Ils nous ont proposé spontanément de nous accompagner ce matin en musique en jouant nos hymnes et sonneries aux morts. Ce ne sont pas des professionnels, il faut le savoir, ils sont tous bénévoles. Ils jouent avec leur coeur, avec leur sensibilité. Ils nous permettent aujourd'hui d'être entre nous, ils ont préparé et travaillé tard hier soir, pour vous, pour nous, et qu'ils en soient remerciés.

Mesdames, messieurs, mes chers amis, en cet instant si particulier, rassemblés devant le littoral du quartier du Boque, nous foulons le sol sabloneux de l'une de nos belles plages du Cap-Ferret appelée depuis 1918, La Plage des Américains. Un siècle s'est écoulé, et voici que l'histoire surgit à nouveau. Il y a, en 1916, 18000 soldats américains et 12000 soldats du Corps Forestier Canadien présents sur les seuls départements de la Gironde, du Lot et Garonne et des Landes. Ils étaient là dans le même but, contribuer à l'effort de guerre pour libérer la France et permettre aux pays de l'Europe de maitriser leurs destins, celui de nous permettre de vivre libre et dans le respect.

En janvier 1917, la Fritz Marine lance un combat sans merci contre les navires ravitailleurs alliés. Les sous-marins allemands, comme une meute, rodent dans le Golfe de Gascogne et le long de la côte française. Ils attaquent en surface au canon des petites unités tels que les bateaux de pêche, les bateaux à vapeur, les voiliers. Ils torpillent les navires de la Marine Nationale et posent des mines le long de notre littoral.

Il y a donc presque une centaine d'années, sur ordre de l'état major des États-Unis d'Amérique, en janvier 1918, deux officiers américains et une vingtaine de leurs soldats furent mutés, détachés, pour rejoindre notre petit bout du monde, notre petit coin de terre, ici si discret, à l'époque encore sauvage, petit coin presque inconnu. Ce n'est plus le cas aujourd'hui.

La mission était claire. Organiser rapidement la construction d'une base d'hydravions pour surveiller le Golfe de Gascogne, assurer la sécurité de nos navires, détecter les sous-marins allemands et les détruire. La pointe du Cap-Ferret était idéalement placée pour des interventions aériennes rapides, et cette partie du Boque était particulièrement discrète, cachée sous la forêt, pour dissimuler une base d'hydravions. En priorité, deux hangars sont construits ici même, sur cette place et accueillent 15 hydravions pour accomplir leurs missions. Dans les semaines et les mois qui ont suivi, l'effectif de cette base fut porté à 330 militaires américains, dont 28 officiers, deux jolis hangars, une cuisine, deux mess, des bureaux, la forge, la centrale électrique, la station de pompage, l'hopital, 4 baraquements pour loger les hommes, la tour radio et les ateliers sont construits. 106 missions d'interventions ont été effectuées.

Après l'Armistice, les pilotes des hydravions ont eu pour mission de surveiller le littoral jusqu'à Bayonne, puis en janvier 1919, la base fut définitivement fermée. Il y avait ici sur cette place, les deux hangars, les rampes qui permettaient de mettre les hydravions à l'eau sans subir le marnage des marées. Il reste quelques traces de fondations en béton de cette belle histoire de solidarité à proximité de la baraque en bois du club de voile, et de l'autre côté de la route, à proximité des ateliers du petit train, une hélice en bois, copie des hélices des hydravions américains de l'époque, offerte par les associations d'anciens combattants de notre commune, et fixée sur un mur du Club de voile, en signe de clin d'oeil et de souvenirs entre les forces alliées. Le groupe électrogène de cette base américaine a continué pendant quelques temps à alimenter les habitants du Cap-Ferret. Les poutres en bois qui furent utilisées pour la construction ont été réutilisées pour la reconstruction de nombreuses maisons et cabanes. L'un des tracteurs Ford, venu des États-Unis, a remplacé le cheval du petit train du Cap-Ferret. C'est toute une histoire.

Mesdames et messieurs, près d'un siècle s'est écoulé depuis la fin de la première guerre mondiale, Ce rassemblement d'aujourd'hui, ce souvenir de la présence amie de l'Us Navy et de l'Us Air Force, est une ardente obligation et je voudrais féliciter Jean-Michel MORMONE, historien chercheur passionné, et des présidents Christian PLOUVIER, Michel COUTURE, André ROUAS, de ne pas avoir manqué aujourd'hui, de nous inviter à nous souvenir de cette période 1917-1918.

Les 330 soldats américains ayant construit et donné vie à cette base d'hydravions ont mis leur idéal, leur puissance et leur courage au service de la libération de notre pays, de nos continents, au service de la démocratie, comme l'ont fait, 25 ans plus tard, des milliers et des milliers d'autres soldats alliés lors de la deuxième guerre mondiale. La France n'oubliera jamais ce qu'elle doit à l'Amérique, son amie et son alliée de toujours. Elle mesure, aujourd'hui comme hier, toute la force, toute l'exigence de ce lien ancien, fait d'amitié, de valeurs partagées, de confiance et de respect mutuel.

La plaque commémorative, que nous allons dévoiler dans quelques instants, rappellera brièvement, à nos visiteurs, l'histoire de ce lieu. L'histoire d'hommes, des hommes jeunes, âgés de 20 ans, nés sur un autre continent qu'ignorent à cette époque presque tout de l'Europe, de la France, et qui s'engagent pour venir défendre des valeurs, nos valeurs, celles que nos nations partagent, ces jeunes, encadrés par leurs officiers, embarquèrent sur des bateaux, les transports aériens longue distance, long courrier comme on dit aujourd'hui, n'existaient pas. A quoi pensaient-ils ces jeunes soldats sur le pont des navires, le regard fixé sur la mince bande noire de la côte qui s'éloignait peu à peu dans la brume ? A leur vie qui fut peut-être si courte ? Au baiser que leur mère déposait tendrement sur leur front quand ils étaient enfants ?  Aux larmes retenues de leur père quand ils étaient partis ? A celle qui les attendait de l'autre côté de la mer quand ils reviendraient, et s'ils revenaient ? A quoi pensaient-ils ces jeunes soldats dont le destin mettait en leurs mains le sort de notre pays, la France, sinon qu'à 20 ans il est bien trop tôt pour mourir. Reviendraient-ils ? Ils ne le savaient pas, ils ne savaient pas où ils seraient affectés et ne connaissaient pas leur mission, mais ils avaient fait un choix, un choix profond, extraordinaire, celui d'être avec leur amie, la France.

Les soldats qui eurent la chance de revenir vivants des horribles batailles de cette guerre abominable, ont tous dit "Plus jamais ça". Ils avaient voulu que ce fut la dernière des guerres. Ils ne furent pas entendus. Pour que l'on comprenne enfin ce qu'ils ont voulu dire, il fallut une tragédie pire encore dont les fils avaient été secrètement tissés par les souffrances de la Grande Guerre. Ce fut comme une sorte d'accomplissement dans l'horreur, l'expression d'une volonté d'anéantissement total de la personne humaine, si violente qu'elle entraina enfin un sursaut de la conscience universelle.

C'est sur le sang versé par les soldats alliés de 14-18 que nous appelons, nous français, la Grande Guerre, c'est sur le sang versé de ce qu'ils ont enduré, et sur le sort tragique, 20 ans plus tard, des millions de victimes de la 2ème guerre mondiale, sur la douleur qui accompagna jusqu'à leur dernier jour ce qu'ils vécurent à l'enfer des tranchées, et sur la blessure que garderont toujours au fond d'eux-mêmes les rescapés des camps d'extermination, que s'est 
construit le grand rêve de fraternité humaine, de grand rêve de paix, de compréhension, de respect, de solidarité, entre les hommes, qui est aujourd'hui celui que nous avons de plus beau, de plus grand, de plus fort à opposer à la barbarie qui fait jour dans beaucoup de pays. Souvenons-nous de leur souffrance, elle est la clé de notre salut, sachons ensemble rester fidèle à l'héritage du sacrifice de nos pères. C'est cet héritage qui est un devoir que nous commémorons tous aujourd'hui, modestement. C'est lui dont nous sommes dépositaires et tributaires pour toujours. A nous de transmettre avec confiance aux générations nouvelles.

Les soldats héroïques qui dorment sur notre territoire, ne doivent pas seulement appartenir à l'histoire. Le plus bel hommage que nous puissions leur rendre, le seul peut-être qui comptait vraiment, c'est de chercher à être digne de ce qu'ils ont accompli pour nous.


Le sacrifice des soldats alliés américains, canadiens, britanniques, le soutien et l'engagement successifs de vos nations dans nos différents conflits resteront gravés dans nos coeurs. Nous n'oublierons jamais, vous êtes nos amis. Honneur aux soldats américains, honneur aux soldats canadiens, honneur aux soldats britanniques, honneur aux soldats français !
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Extrait de l'allocution de Monsieur  Michel SAMMARCELLI, maire de Lège Cap-Ferret


De gauche à droite :
Madame Marine ROCHER, conseiller municipal déléguée culture et patrimoine

Madame Marie DELMAS GUIRAUT, adjointe Cap-Ferret
Monsieur Philippe De GONNEVILLE, 1er adjoint au maire
Commandant Christopher LUPORE de l'US Navy
Major Brian SCOTT de l'US Air Force
Monsieur François BEYRIES, sous-préfet d'Arcachon

Au micro, Monsieur Daniel E. HALL, Consul Général des États-Unis d'Amérique
Monsieur Michel SAMMARCELLI, maire de Lège Cap-Ferret

 
ALLOCUTION DE MONSIEUR DANIEL E. HALL, CONSUL GÉNÉRAL DES ÉTATS UNIS D'AMÉRIQUE
 
Monsieur le Maire, Monsieur le Préfet, Madame et Messieurs les élus,  Mesdames et Messieurs les représentants des forces militaires ici présentes, je voudrais aussi saluer nos amis nord américains canadiens, qui sont venus de si loin, d'être présents aujourd'hui. C'est un honneur d'être présent à Lège aujourd'hui et qu'on prenne part à cette cérémonie de commémoration. Nous tenons à vous remercier Monsieur le Maire, vous et votre équipe, ainsi que Monsieur Jean-Michel MORMONE, membre du Corps Forestier Allié en Aquitaine, pour votre engagement et implication dans la commémoration des militaires américains à Lège Cap-Ferret.

Aujourd'hui, nous rendons hommage à ceux qui ont combattu et beaucoup sacrifié durant la première guerre mondiale. Nous saluons le courage et la dévotion. Quand il suffit de penser à la présence des américains dans la région aquitaine de 1917 à 1919, on comprend que le lien unissant nos deux pays sans faute est de longue date. Ce n'est pas sans raison qu'un premier poste diplomatique américain permanent est établi, et le consulat des États-Unis, à Bordeaux. Par conséquent, il était naturel d'envoyer nos forces militaires en France qui se trouve être le plus ancien allié des États-Unis.

Comme, Monsieur le Maire, vous l'avez expliqué, il y a cent ans, et dans le cadre d'une collaboration militaire, il a été réussi à Lège Cap-Ferret une station hydro-navale et aussi plusieurs stations aéro-navales dont celle-ci à Lège Cap-Ferret. C'est une base de l'US Navy parce que c'était la défense des convois de navires dans le Golfe de Gascogne et faisait la chasse aux sous-marins allemands.

Notre collaboration militaire continue aujourd'hui. Dans le monde entier, les soldats français et américains et canadiens s'entraînent à combattre nos adversaires côte à côte. Cette collaboration, qui est à la base de nos relations fraternelles, garde et protège nos valeurs communes et notre liberté. Vive la France, vivent les États-Unis et longue vie à l'amitié entre nos deux pays. Merci.
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Extrait de l'allocution de Monsieur le Consul Général des États-Unis d'Amérique, Daniel E. HALL
 

Au micro, le Commandant Christopher LUPORE de l'US Navy
ALLOCUTION DE MONSIEUR LE COMMANDANT CHRISTOPHER LUPORE DE L'US NAVY

Monsieur le Maire, Monsieur le Sous-préfet, mesdames et messieurs les élus, les militaires représentants de la France, et aussi du Canada, et les forces aériennes françaises, et mes amis, je suis, et c'est un honneur de se trouver au Cap-Ferret à la plage des Américains ce matin pour participer dans cette superbe commémoration qui rend hommage aux troupes aériennes américaines, français et canadiens.

Les liens entre nos deux pays sont anciens puisqu'ils remontent à la naissance même de notre nation, la presqu'île de Lège Cap-ferret en est d'ailleurs la preuve irréfutable car c'est bien ici, il y a cent ans, à ce 08 juin que les États-Unis et la France ont baptisé la station aéro-navale ici.

Au cours de ma recherche de cette époque, j'ai trouvé deux choses les plus intéressantes :
1) cent articles de presse dans les soldats aéronavals américains, l'arrivée de son équipe a précédé celle du général Pershing
2) au cours des soldats américains qui sont venus, ni parlent français, ni pouvaient donner et savent faire pour piloter un avion

Imaginez, s'il vous plait, de tous les endures auxquelles ils ont du faire face. Donc, il a fallu que les Français apprennent aux Américains tous les formations de vol.

En France, les deux équipes ont fait preuve de bonne foi encore, de liens forts entre nos pays. De nos jours, cet esprit de collaboration militaire se poursuit. Nous devons prendre le temps de réfléchir sur le passé, et continuer de porter des valeurs communes d'égalité, de fraternité, de liberté et bien sûr de démocratie. Vive la France, vivent les États-Unis et vive l'amitié qui unit nos deux pays. Merci.
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Extrait de l'allocution de Monsieur le Commandant Christopher LUPORE de l'US Navy


Gerbes déposées le 02 juin 2018, sur la Plage des Américains


Plaque commémorative de la présence des soldats américains en 1917 sur la presqu'île du Cap-Ferret


Monsieur François BEYRIES, sous-préfet d'Arcachon, et Monsieur le Commandant Christopher LUPORE de l'US Navy


Plage des Américains à Lège Cap-Ferret, le 06 juin 2018, les militaires Canadiens ont participé à la cérémonie


Les bacs à voiles ont paradé devant la Plage des Américains pendant la cérémonie
 
 
Sonnerie aux morts américaine enregistrée pendant la cérémonie du 02 juin 2018