Nous avons jugé utile de reproduire ici la lettre de Jean-Pierre Ardoin Saint Amand diffusée dans le site "Sauvons l'Aquarium d'Arcachon". * * * Lettre de Jean-Pierre Ardoin Saint Amand Collectif Populaire de Défense des Aquaria Convoités Arcachon, le 17 janvier 2012. Objet : Concertation publique sur le projet de Pôle Océanographique Aquitain (POA) au Petit Port d’Arcachon. Messieurs les Universitaires, Ainsi, vous vous lancez dans une concertation publique sur votre projet de POA au Petit Port. Le quotidien Sud-Ouest, dans sa livraison du 29 novembre 2011, nous précise « que l’Université n’a pas cherché à éviter cette démarche. Ce qui aurait pu se faire. » Pourtant les articles L300-1 et L300-2 du Code de l’Urbanisme, relatifs aux aménagements fonciers, semblent bien obliger à cette concertation. Vous nous faites donc l’aumône de respecter la loi. Doit-on vous en remercier ? En échafaudant votre improbable projet de POA au Petit Port, vous avez déjà contraint la Mairie à s’engager dans deux révisions simplifiées du Plan Local d’Urbanisme (PLU). Lesquelles révisions ont entraîné, en avril/mai dernier, l’organisation de deux enquêtes publiques. Nous avons fait une intervention dans celle concernant la zone UD3 dans laquelle est situé le Musée-Aquarium. Le Commissaire-Enquêteur a conclu son rapport en écrivant qu’il ne pouvait « que formuler un avis très réservé à la poursuite de la présente révision simplifiée. » Ce qui n’a pas empêché le Conseil Municipal d’Arcachon, dans sa séance du 27 juillet 2011, d’entériner la dite révision. Ravalant le caractère démocratique de l’exercice de l’enquête publique au rang d’une simple mascarade. Mais rassurez-vous, la seconde révision, celle par laquelle votre Université s’est octroyé la possibilité de construire en bord de mer son blockhaus anachronique, n’a rien à envier à la première. En effet, ces deux révisions présentées au peuple comme devant modifier le PLU 2003, celui ayant cours à ce moment-là, ont été contre toute attente utilisées pour amender le PLU 2007. Si ça n’est pas se moquer du peuple, Dieu que cela lui ressemble ! Dans pareil contexte, vous devinerez facilement la dérision que nous inspire l’hypocrite ersatz de concertation que vous nous proposez. Qui s’appuie sur le vieux principe du cause toujours… Nous avons quand même pris la peine de nous infuser tous les documents relatifs à votre projet, documents que vous avez rendus publics pour habiller votre pseudo-concertation démocratique. Rendus publics, mais qu’à ceux qui sont patients et qui possèdent un ordinateur muni d’une bonne imprimante. C’est la seconde fois de la courte histoire de notre ville que des allochtones s’ingénient à vouloir construire un mur sur son rivage. Mais une chose est sûre, c’est que l’édification du premier que nous avions baptisé Mur de l’Atlantique avait généré bien moins de papier que le second que nous ne serons pas longs, par moquerie, à dénommer entre nous le Mur de l’Université. Le premier document rendu public prend le titre de Charte Chantier à Faibles Nuisances. Que nous chaut les nuisances de ce chantier dont nous ne voulons pas. Provisoires dans le temps, que seront-elles comparées à celles éternelles, tant esthétiques que visuelles qu’infligera, à nous bien sûr mais aussi aux générations qui nous suivront, la façade cyclopéenne du blockhaus anachronique que vous projetez de nous imposer ? Le deuxième document nous propose un extrait du rapport de M. Daniel Maguérez, commissaire-enquêteur, en charge de l’enquête publique relative à la révision simplifiée du PLU devant permettre la réalisation du POA. Cet extrait ne compte que 4 pages. On va tout de suite à l’essentiel, c’est-à-dire à la conclusion favorable du commissaire : «Au regard de cet ensemble de considérations, nous émettons un avis favorable à la présente révision simplifiée. » Un avis favorable, souligné de surcroît. Vous n’alliez pas nous laisser dans l’ignorance de ce succès. Il n’empêche que le commissaire-enquêteur conduisait, comme nous l’avons déjà fait remarquer, une enquête sur une révision qui devait s’appliquer au PLU 2003 et qu’elle a été utilisée pour modifier le PLU 2007. Sans demander l’avis du peuple. Mais on lit aussi dans cet extrait que le POA entraînera des « nuisances visuelles constituées par l’obstruction de la vue sur le port de plaisance ou le bassin au détriment de riverains (avec risque de dévalorisation de leurs biens) ou des passants depuis le boulevard de la Plage. » Aveu qu’il est intéressant de comparer avec une affirmation trouvée dans le document précédent : « Une attention particulière sera apportée au chantier pour ne pas nuire aux usagers et aux riverains. » Une fois le chantier terminé, l’Université s’autoriserait donc à nuire en toute quiétude aux usagers et aux riverains. Le troisième document, beaucoup plus technique, s’enfonce dans une étude de sol préalable à la construction de cet ineffable projet de Pôle Océanographique Aquitain. Et on découvre, à la page 5, que des sondages de reconnaissance avaient été entrepris dès les 28 et 29 avril 2008, au Petit Port. A une époque où la Mairie comme l’Université de Bordeaux I maintenaient mordicus que ce fameux POA se réaliserait sur le site de Peyneau. Compte tenu de l’inertie habituelle montrée par ces entités dans toutes leurs prises de décision, on peut penser que celle de creuser au Petit-Port avait due être prise dès la fin de l’année précédente. Où l’on surprend ainsi l’une et l’autre à se moquer, une fois encore, ouvertement du peuple. Comme quoi dans ce domaine comme dans d’autre, quand les bornes sont dépassées, il n’y a plus de limites… Le quatrième document se préoccupe toujours de l’étude du sol préalable à la construction de ce POA. D’où il ressort que le projet de l’implanter au Petit Port obligera de recourir à des fondations spéciales s’appuyant sur des pieux enfoncés d’au moins 11 mètres dans le sable. Toutes opérations qui auront pour conséquence un surcoût important. Ce qui ne fait que confirmer, pour ceux qui pourraient encore en douter, que les problèmes financiers ne sont pas la première préoccupation des initiateurs de ce projet. Le sixième document étudie la faisabilité d’une prise d’eau de mer pour la future station marine. Pour finir par définir 3 solutions dont les coûts s’échelonnent pratiquement du simple au double. La moins chère restant de laisser la prise d’eau à l’emplacement où elle est située aujourd’hui, c’est-à-dire juste en face de l’îlot Peyneau. Ce qui nous ramène à la remarque du paragraphe précédent. Ensuite viennent d’autres documents sans grand intérêt mais qui recouvrent des études dont on peut être certains qu’elles ont dû être particulièrement coûteuses. Au départ de l’enquête, l’ensemble ne comptait que 13 documents. Et puis deux autres sont apparus en cours de route. Le quatorzième est un poster qui s’intitule : Musée-Aquarium — Société Scientifique. Nouvelle offre muséale (POA). Nous y voilà. Effectivement, l’impasse totale avait été faite autour de notre cher Musée-Aquarium dont on oubliait de nous dire que ce projet entraînait de facto la démolition. Juste un détail. Ce document est plus qu’honteux, c’est une véritable provocation. Vous l’aurez compris nous sommes foncièrement, totalement et définitivement opposés à la démolition de notre historique Musée-Aquarium. Certains penseront que vouloir défendre notre vieil Aquarium est une attitude passéiste qui relèverait au mieux de la nostalgie et au pire du radotage. Alors, bien sûr, que l’on peut vouloir préserver ce vieil établissement et regarder l’avenir. Notre pays est en pleine évolution. Une évolution inquiétante, vous l’aurez sans doute remarqué. Aujourd’hui notre industrie est sinistrée, on ne cesse de nous le répéter, et notre agriculture part à vau l’eau. Il suffit de mesurer le spectaculaire recul du nombre d’agriculteurs. Il ne faut pas être grand clerc pour deviner qu’une grande part des générations qui nous suivent sera obligée de vivre du tourisme. La France est, dans le monde, la première destination touristique. En Gironde et en chiffre d’affaires, la première activité est la viticulture. En deuxième et assez loin devant la construction aéronautique, il y a le tourisme. Et le succès de notre tourisme est dû à la richesse de notre histoire et à la diversité de notre patrimoine bien plus qu’à nos paysages. Le touriste de demain pourra toujours trouver des plages plus exotiques que les nôtres, une mer plus bleue que la nôtre, mais il n’y a qu’à Arcachon qu’il pourra visiter le plus vieil aquarium du monde dans sa configuration d’origine. Chaque fois que nous pénétrons dans ce Musée-Aquarium, nous avons toujours l’impression que c’est Jules Verne soi-même qui va nous y accueillir. Il n’est pas possible que nous soyons les seuls à ressentir cela. C’est l’établissement le plus vernien et de loin que nous connaissons et vous verrez, Messieurs les Universitaires, qu’un jour il y aura des gens qui viendront le visiter rien que pour cela. Et si gouverner c’est prévoir, nous sommes quelque peu surpris de voir aujourd’hui nos politiques locaux ne rien prévoir. Et ce n’est pas la première fois que cela se produit à Arcachon. A une époque Arcachon a compté 16 000 habitants, un chiffre qui petit à petit s’est rapetissé, recroquevillé jusqu’à peine 10 000. Déjà quelque part, quelqu’un ou quelques-uns n’avaient pas bien su prévoir… Tout cela finit par nous mettre en colère. Et nous oblige d’abord à regarder les deux réunions qui se sont tenu les 2 et 12 décembre dernier au Palais des Congrès d’un œil beaucoup plus sévère que les différents comptes rendus qu’en a fait la presse locale. Où l’on vous voit, universitaires venus d’ailleurs, alignés en rang d’oignon sur l’estrade, dégoulinant de suffisance. L’élite de la Nation. Venus se moquer de nous, nous tromper sinon nous mentir. Nous expliquer que votre futur POA ne pouvait pas rester sur son terrain d’origine, parce que les vibrations induites par les travaux de reconstructions vous empêcheraient de titiller le micron. Nous expliquer tous les défauts inhérents aux autres possibilités d’implantation un temps envisagées alors qu’en vérité elles se seraient faites sur des terrains qu’il vous aurait fallu acheter alors que celui du Petit Port est gratuit ! Nous cacher, alors qu’au printemps 2008 vous nous disiez que tout était décidé et que ce nouveau POA se ferait sur le site Peyneau, que vous faisiez sonder dès le 28 avril 2008 le sous-sol du parking du Petit-Port pour voir s’il supporterait les tonnes de bétons avec lesquelles vous entendez défigurer notre front de mer. Vous creusiez en catimini, dans notre dos, tels des malfaiteurs. Vous gargariser des 130 emplois que vous promettez de créer alors que vous êtes notoirement impécunieux. Que vous avez laissé se dégrader depuis plus de 10 ans maintenant vos locaux actuels obligeant votre personnel à y travailler dans des conditions indignes. Et que ces 130 emplois seront, une fois encore, à la charge du peuple. Ne rien nous dire de la démolition de notre Musée-Aquarium que vous projetez. Et maintenant, dans votre poster sur ce Musée-Aquarium, pour tenter de justifier l’injustifiable vous venez nous expliquer que son « niveau actuel est clairement insuffisant, notamment pour ce qui concerne les possibilités effectives de maintien. » Alors que vous êtes ceux-là mêmes, vous autres universitaires, qui avez anschlussé le conseil d’Administration de la Société Scientifique propriétaire de notre Musée-Aquarium. Lequel compte maintenant 9 universitaires sur 10 membres. Et qui s’oppose par un système de parrainage, à ce que des Arcachonnais adhèrent désormais à cette docte société. On devine pourquoi : pour mieux les spolier de leur patrimoine. Et vous ne prenez même pas la peine, et pour cause, dans votre scandaleux poster de laisser la place à un seul mot du Président de cette Société Scientifique. Avec l’argent du peuple vous voulez construire un nouveau Musée-Aquarium. Vous voulez nous faire croire à une «opportunité unique de moderniser l’offre muséale de la Société Scientifique », alors que ses collections sont aujourd’hui dans leur jus «Second Empire » comme dans un écrin et que vous voulez remplacer par un béton obscène. Vous voulez utiliser l’argent public pour construire un nouvel aquarium en béton, un aquarium de la première génération alors que nous en sommes à la troisième. C’est-à-dire que vous êtes prêts à gaspiller pour arriver à vos fins. Et dans ce caravansérail bétonné, vous voulez organiser des expositions permanentes sur l’histoire : « retracer le développement des activités autour du Bassin : histoire du port, des pêcheries et de l’ostréiculture, évolution de la station balnéaire et de plaisance, le début des bains de mer et la création de la Société Scientifique », sans même y associer la Société Historique et Archéologique d’Arcachon qui se bat pour essayer de sauver notre historique Musée-Aquarium. Non seulement vous voulez saccager notre patrimoine, massacrer notre front de mer, mais vous voulez aussi nous voler notre histoire ? Vous êtes tellement sûrs de vous dans cette affaire que maintenant vous n’hésitez même plus à détourner l’argent collectée pour la recherche pour vous en servir à rétribuer quelque agence de publicité à laquelle vous avez demandé de persuader les nigauds que le Mur de l’Université que vous projetez de leur construire est la meilleure des choses qui puisse leur arriver. Pourtant quand on gaspille ainsi l’argent public dans un pays financièrement aux abois, ce n’est plus une faute, c’est un crime. Gens du peuple réunis dans un Collectif Populaire de défense, nous tenions à vous dire tout le mépris que nous inspire votre stupide aveuglement. Ce dernier ne pouvant se prévaloir d’aucune excuse compte tenu des connaissances que vous valent vos titres. Mépris aussi profond que celui que vous nous manifestez en voulant mutiler notre patrimoine. « La destruction d’un édifice historique et monumental ne doit pas être permise à ces ignobles spéculateurs que leur intérêt aveugle sur leur honneur; misérables hommes, et si imbéciles, qu’ils ne comprennent même pas qu’ils sont des barbares ! » Il ne nous reste plus qu’à espérer que l’un d’entre vous, dans un sursaut de lucidité, se lève et fasse honte à tous les autres. Et si cela n’arrivait pas, ce serait à désespérer de l’Université Française. Pour le CPDAC (Collectif Populaire de Défense des Aquaria Convoités) Jean-Pierre Ardoin Saint Amand |